Pendant 7 mois, j’ai dû exprimer mon lait avec un tire-lait électrique, à cause d’une maternité qui n’a pas su m’aider. Ils ont donné le biberon à ma fille alors que j’avais dit que je voulais allaiter. Rapidement, Audrey n’a plus voulu de mon sein.
Bien sûr ! La tétine d’un biberon est bien moins fatigante que le sein pour un bébé. Si je témoigne aujourd’hui, c’est pour donner envie aux mamans d’affirmer leurs convictions et d’oser tenir tête au corps médical. Une doula peut vous accompagner et vous soutenir dans votre projet de naissance.

Déterminée à allaiter sans tire-lait
Avant la naissance de ma fille, j’ai pris le temps de me renseigner sur l’allaitement : les livres, les questions aux mamans de mon entourage, les questions au corps médical.
J’étais prête, j’étais décidée : j’allaiterai ma fille au moins 6 mois.
Je voulais lui donner des anticorps, je voulais lui donner le meilleur de ce que la nature a à lui offrir… C’était, de plus, une démarche zéro déchet qui m’allait bien. Bref, j’étais décidée.
La maternité a anéanti mes chances d’allaiter normalement
La naissance de ma fille a été un parcours du combattant : j’étais dans une usine à bébés près de Lyon. Dans cette maternité, tant que le bébé va bien, tout va bien. C’était mon premier accouchement. Ils m’ont laissé contracter pendant 98 heures, pour partir ensuite en césarienne, parce que bébé commençait à montrer des signes de souffrance. Personnellement, ça faisait 98 heures que je morflais. Je vous épargne les détails ; le sujet est bien celui de l’allaitement.
Un gros bébé a des réserves et peut tenir jusqu’à la montée de lait
Ma fille Audrey pèse 4 kg à la naissance ; un bon p’tit gigot qui a des réserves 😂 ! Comme j’ai subi une césarienne, la montée de lait ne se fait pas aussi rapidement que le corps médical le souhaiterait. On m’apporte un tire-lait électrique ; c’est ma première rencontre avec cet instrument de torture. On m’explique que ça va stimuler la montée de lait, libérer le colostrum et ainsi, je vais pouvoir nourrir ma fille sereinement. En théorie seulement.
Une infirmière donne un biberon à ma fille alors que je souhaite allaiter !
Après toutes ces heures à contracter, à me remettre d’une césarienne, d'une transfusion sanguine, à me sentir moche pour mon mari et inutile pour ma bébé car le lait ne monte pas… le tire-lait fait son travail. Le gisement est actif !
Ne me demandez pas pourquoi, je n’avais plus tous mes neurones à ce moment-là, mais en tout cas, ma fille n’est pas avec moi quand le tire-lait fait son œuvre.
Quand elle m’est rendue, l'infirmière m’annonce fièrement “J’ai donné un biberon à votre fille ; elle avait très faim !”
Le tire-lait pour allaiter coûte que coûte

Au moment où la lactation prend son rythme, ma fille ne veut plus de mon sein. Bien sûr ! Pourtant, j’ai TOUT fait pour qu’Audrey accepte mon sein ! Je l’ai mise au sein plus souvent. Je lui ai acheté des tétines ergonomiques de la marque Iltet* : elles sont réputées pour reproduire le sein de maman et permettre de passer du sein au biberon, du biberon au sein plus facilement. Peine perdue ! Audrey avait goûté à la facilité du biberon ; elle a très vite refusé mon sein.
Plus que mon sein, je voulais qu’elle ait mon lait
Puisque la maternité où elle est née avait donné un biberon à Audrey alors que je ne voulais pas, j’ai tiré mon lait. Que ce soit à mon sein ou au biberon, j’ai continué à vouloir lui donner mon lait.
Dès la sortie de la maternité, je suis allée en pharmacie pour louer un tire-lait électrique.
Avec un tire-lait, c’est 2 fois plus de fatigue pour allaiter
Nourrir son enfant avec un tire-lait, c’est deux fois plus de fatigue à chaque fois. Si ce n’est pas votre bébé qui vous réveille la nuit, ce sont vos seins qui vous réclament ! Je mettais un réveil toutes les 4 heures pour exprimer mon lait. Quand mes “stocks” de lait étaient prêts, là, c’est bébé qui avait faim. Au lieu d’aller dormir, c’était l’heure du biberon.
Avec le tire-lait, j’avais des statistiques ! J’avais une excellente production : j’exprimais environ 1,2 litres de lait chaque jour.
En riant, mon beau-frère m’a même dit qu’avec un tel rendement, je pourrais fabriquer mes yaourts ou mes fromages au lait maternel.
7 mois à nourrir bébé au tire-lait
Je m’étais fixée au moins 6 mois de lait maternel exclusif ; j’ai tenu 7 mois et j’en suis fière. J’ai maudit ce tire-lait de nombreuses fois. J’ai pleuré de douleur, j’ai pleuré de fatigue. Mais je tenais bon, parce que j’étais convaincue que c’était le meilleur que je pouvais offrir à notre fille. Je sais que j’ai eu raison. Audrey était un bébé en pleine santé, goulue et éveillée.
Quand j’ai rendu le tire-lait à la pharmacie, j’ai eu face à moi des regards éberlués : jamais ils n’avaient loué un tire-lait aussi longtemps !
Je n’aurais pas eu besoin de tire-lait avec une doula auprès de moi
Si j’ai demandé à Stéphanie de témoigner sur son blog, c’est parce que je suis convaincue que, bien accompagnée par une doula, je n’aurais pas eu à vivre tout cela.
Je pense qu’avec l’accompagnement d’une doula, surtout pour une première grossesse, j’aurais été préparée, plus apte à m’affirmer.
La fatigue de la délivrance a certes altéré ma capacité à m’opposer au corps médical. Mais, tout comme les séances d’haptonomie nous avaient connectés à notre bébé et m'avaient préparée à la douleur, une doula m’aurait préparé à mon projet de naissance. En concertation avec mon mari, nous aurions tous les deux posé nos envies, nos projets, nos valeurs.
Si mon humble témoignage peut permettre à d’autres mamans de ne pas vivre cette frustration, alors ce que j’ai vécu aura servi à quelque chose. Merci Stéphanie 🙏 de m'avoir permis de témoigner sur ton blog.
Armelle Vanhoutte
*Source : L'Express parle de la tétine ILTET
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